Clément Lauriat est le fondateur de Sanagi, une jeune entreprise dédiée au coaching et à la transition digitale des entreprises. Expert en métrologie (l’étude de la mesure et des performances), il a décidé tout comme moi de se lancer dans l’entrepreunariat et de donner un aspect plus humain à son activité professionnelle quotidienne.
Clément fut mon premier client. Je l’ai aidé à créer son identité visuelle pour que son entreprise Sanagi, puisse prendre son envol. Il m’a donc semblé naturel de lui dédié mon premier interview et de vous faire découvrir un métier pas comme les autres, celui de coach professionnel.
Comment t’es venu l’idée de créer Sanagi ?
Tout d’abord, j’avais envie de réussir à équilibrer vie personnelle et vie professionnel autour d’un projet qui me porte. Je voulais sortir d’un carcan salarial et retrouver la maîtrise de mon temps et de mon activité.
J’ai donc décidé de travailler sur la définition d’un projet qui me tenait à coeur. L’idée de Sanagi est née il y a environ 1 an, je voulais une entreprise s’orientant à la fois vers du coaching professionnel et personnel ainsi que vers du conseils et de la formation en métrologie (ce qu’on appelle également la performance digitale).
Cela t’a semblé difficile de te lancer dans cette aventure entrepreunariale ?
Non, car j’étais vraiment dans une phase de transition. Comme beaucoups de gens, j’ai traversé ma « crise de milieu de vie » suite à laquelle je me suis remis en question et me suis demandé ce que j’avais vraiment envie de faire. J’avais vraiment envie d’autre chose, j’ai donc décidé de me faire accompagner par un coach, et cela à été le premier pas dans cette démarche de changement de vie et de création d’entreprise.
Si je comprend bien, tu es passé de « coaché » à « coach »… Une étape nécessaire selon toi ?
Oui tout à fait, je me suis fait coaché à la fois pour faire un bilan de compétences et construire un projet professionnel à travers une réflexion approfondie.
Effectivement de mon point de vue, le fait d’avoir été coaché permet de comprendre le gain qu’apporte ce type de prestation. Mais également de se dire qu’on est capable d’apporter une aide aux personnes. Cela permet aussi de cerner ses propres compétences et qualités afin de savoir si c’est réellement un métier pour nous.
Une première étape donc vers le métier de coach. Mais quelles sont les suivantes ?
La seconde étape est la recherche d’un parcours de formation et d’un financement possible. Dans mon cas, j’ai malheureusement dû auto-financer ma formation, mais il faut savoir que des solutions existent notamment via Pôle Emploi où à travers l’entreprise lorsqu’on est salarié.
C’est aussi trouver de l’accompagnement à la création d’entreprise. Dans mon cas j’ai été aidé par Pôle emploi qui m’a dirigé vers une série d’ateliers comme Activ’Créa. Je me suis ensuite fait accompagner par BgeYvelines, qui est un organisme public qui accompagne les créateurs pour qu’ils évitent les erreurs qui sont communes aux jeunes créateurs d’entreprise qui ne savent pas forcément où ils mettent les pieds.
Il y a donc des formations en coaching, est-ce une étape obligatoire ?
Oui et non… Il n’y a actuellement pas de règles concernant l’encadrement du coaching, mais il existe un titre reconnu RSVP qui peut faire la différence avec tous les coaches improvisé que l’on peut trouver sur Internet.
Selon moi, le fait de passer par la certification atteste d’une méthode et d’une éthique mais aussi d’un respect de la personne qui sera coachée.
C’est un métier où il est important d’être toujours tourné vers la personne et non pas vers notre propre vision et notre propre avis sur ce que la personne peut nous dire. Il faut être capable d’avoir une écoute bienveillante sans aucun jugements. La formation certifiante nous apprend ces méthodes de travail et d’écoute objective.

On a beaucoup parlé de coaching, mais Sanagi c’est aussi du conseils et de la formation en métrologie. Comment arrives-tu à concilier ces différentes approches ?
C’est une très bonne question, car effectivement on peut penser que ce sont des domaines extrêmement différents, mais en fait pas du tout. C’est même plutôt complémentaire !
Dans le cadre de la formation à la métrologie et à la performance digitale par exemple, je forme des auditeurs au sein des entreprises. Ils ont une position qui est assez difficile humainement : lorsqu’un auditeur intervient, c’est souvent lorsque l’entreprise à tout tenté en interne. Beaucoup de pression repose sur ces intervenants, envers qui les entreprises ont énormément d’attentes. Mon expérience de coach est un véritable atout pour leur apprendre à avoir du recul face à leurs interventions. Je peux les aider à rester stoïque face au stress et à être en capacité d’intervenir tout en restant respectueux du client.
Le stress, les tensions… Pour toi le « mal-être au travail » est-ce que c’est quelque chose qui est encore tabou aujourd’hui ?
Oui. Il est vrai qu’on en parle de plus en plus, et qu’un certains nombre d’études sur le sujets ont été faites, mais je pense qu’il y a toujours un phénomène de déni que l’on peut retrouver au sein des employeurs et des ressources humaines.
Beaucoup d’entreprises se disent qu’elles prennent en charge les risques psychosociaux en étant à l’écoute et en se disant en se disant que les choses vont s’arranger. Mais il faut parfois plus qu’une simple écoute… La politique du « on vous écoute, mais on ne fait rien » est finalement ce qui augmente la tension petit à petit. Le risque violent à l’intérieur d’une entreprise est présent. Et si ce n’est souvent pas envers leurs collègues c’est vers eux-même que les gens peuvent s’infliger des violences psychiques par rapport à ce sentiment de perte de sens, de cette impression de ne pas être écouté ou de ne pas être reconnu.
Et je pense qu’il faut encore faire de la pédagogie pour que les choses s’améliorent. Une récente étude montre qu’il y a aujourd’hui 22 % des employés qui sont en souffrance avec un risque de danger pour eux-mêmes, ce qui est énorme !
Aujourd’hui les gens sont encore démuni dans les entreprises, les syndicats, les ressources humaines, sont démunis. Ils ne savent pas réagir face à ça, ils ne sont pas formés à ça et c’est là-dessus que les coaches peuvent intervenir.
La chose essentielle est la prise de conscience des dirigeants et des ressources humaines ainsi que des syndicats et des délégués du personnel dans les entreprises pour comprendre que le risque est là. Et il est de plus en plus présent.
J’ai pu le constater il y a une incompréhension des nouvelles générations. On constate que des personnes qui ont 25-30 ans aujourd’hui envisage rapidement une reconversion de leur vie et n’ont pas envie de s’investir dans l’entreprise où ils travaillent, ils sentent qu’il y a un manque de sens, quelque chose qui manque. C’est sans doute dans la manière dont les gens communique au sein l’entreprise et dans le projet commun qui les voient comme de simples employés qu’il y a un véritable écart générationnel.
Quels sont tes clients aujourd’hui ?
Je m’adresse aux entreprises de tailles moyenne 5PME d’environs 60 salariés) et notamment aux intégrateurs en solution de métrologie et aux éditeurs de logiciels.
Ensuite pour un vaste projet qu’on appelle « l’accompagnement à la transition digitale », autrement dit l’adoption de médias numériques dans les entreprises pour des problématiques internes comme la réduction des charges ; je propose du conseil en métrologie et en organisation. Car la transition digitale ce n’est pas uniquement adopter de nouveaux outils, c’est aussi un nouveau mode de fonctionnement, c’est faire accepter de nouvelles méthodes à ses collaborateurs et cela nécessite du dialogue pour éviter que les produits soit rejetés.
Un petit voeux pour l’avenir de Sanagi ?
Si je devais faire un vœu ce serait d’être en capacité d’intervenir auprès des entreprises pour que la prise de conscience soit beaucoup plus grande. Que les entreprises se disent que le bien-être n’est pas seulement mettre des baby-foot ou de créer un cercle d’écoute, mais aussi d’intervenir auprès des gens, d’intervenir auprès des équipes de management. En bref qu’il y ait plus d’actions concrètes pour que ces 22% de personnes qui sont en souffrance au travail soient plus heureuse au quotidien.
Vous pouvez retrouver Clément via Linkedin ici. Pour voir le travail que j’ai réalisié pour Sanagi c’est par ici.